Des difficultés liées au choix de l’aire ?
Fin juillet 2011 : un aiglon prend son envol sous la tête d’Aval. Thierry Maillet, technicien du patrimoine en Vallouise, raconte : « C’est la dernière année où le couple de Montbrison a niché. Depuis, la reproduction commence chaque année mais n’aboutit pas. » Y aurait-il un lien avec l’emplacement de l’aire choisie ? (les aigles entretiennent plusieurs aires et en changent régulièrement) Thierry explique : « L’aire qui a été choisie en 2011 est assez basse sous la tête d’Aval, alors les autres sont plus hautes, donc plus sujettes au survol par les parapentes et les planeurs qui passent beaucoup à cet endroit. Est-ce qu’il y a une corrélation entre l’échec des reproductions et ce dérangement ? C’est une hypothèse mais on ne peut pas l’affirmer avec certitude. »
Un mâle peu impliqué
Quelques années plus tard, de nouveaux éléments ont permis d’en savoir plus sur ces échecs à répétition. Dans le cadre des mesures compensatoires de la ligne Haute-Durance financées par RTE (Réseau de transport d'électricité), le mâle du couple d’aigles a été équipé en mars 2019 d’une balise GPS par les équipes du CNRS et du Parc national. Et les découvertes ne ne sont pas faites attendre… « En suivant les balises, on a vite constaté que le mâle n’était pas impliqué dans les reproductions, raconte Thierry. En 2019 et en 2020, les aigles ont commencé une reproduction, mais la femelle n’a jamais été relayée pour la couvaison. C’est peut-être dû au fait qu’il s’agissait d’un jeune mâle, qui avait seulement 2 ans et demi au moment du marquage. » Quoiqu’il en soit, le mâle est parti du territoire de Montbrison le 10 mai 2021, probablement chassé par sa partenaire ou un autre mâle. « Il a volé jusqu’au Queyras, précise Thierry, avant qu’on ne le perde de vue à la frontière italienne. »
Une reproduction 2023 plus favorable mais à protéger
C’est donc un nouveau mâle qui officie désormais dans le couple de Montbrison. Espérons que ce renouvellement sera propice à la naissance d’aiglons ! Autre élément encourageant, l’aire choisie ce printemps paraît plus favorable. « Les aigles ont choisi une aire qu’on ne connaissait pas et qu’on a découvert la semaine dernière, explique Thierry. Elle est décalée par rapport aux survols, et donc un peu à l’abri je pense. » Petit bémol cependant : cette nouvelle aire est également située… à proximité immédiate du secteur d’escalade des « rois fainéants », juste au-dessus des sorties des voies des contreforts de gauche. Pour laisser le couple nicher en toute tranquillité, le Parc national demande donc aux grimpeurs d’éviter tout le secteur (en photo ci-dessous) jusqu’au 30 juillet. Des panneaux sont en place pour informer les pratiquants. Un grand merci d’avance aux grimpeurs pour leur aide !
Le secteur des "rois fainéants", à éviter jusqu'au 30 juillet 2023.
Pour en savoir plus sur l’aigle royal
Consulter la fiche espèce sur Biodiv'Écrins