Une 2e année de fonte record pour le glacier Blanc

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Malgré le bon enneigement de l’hiver dernier (et surtout du printemps), la fonte du glacier Blanc s’est poursuivie en 2023, avec une perte de glace estimée à 1,82 mètre d’eau. Il s’agit de la deuxième plus forte fonte enregistrée… après celle de l’an dernier.

Glacier Blanc © J. Charron

Une fonte intense et tardive

Comme sur d’autres glaciers des Alpes, la fonte du glacier Blanc pendant l’été 2023 a été l’une des plus fortes jamais enregistrées : 3,80 mètres d’eau en moins par rapport à 2022. Si la météo a été très contrastée en France au mois de juillet, les Alpes du Sud ont été à l’abri du mauvais temps et la fonte de la glace a rapidement commencé.

Glacier Blanc © J. CharronElle s’est poursuivie très fortement au mois d’août à la faveur de la canicule, et phénomène notable de cette année, s’est achevée très tard. « Notre dernière visite sur le glacier Blanc date de la première semaine d’octobre, explique Emmanuel Thibert, glaciologue à l’INRAE, mais on pense que la fonte s’est poursuivie jusqu’à la mi-octobre. Nous avons aussi constaté cette fonte tardive au glacier de Sarenne (à la limite nord du parc national, sur la commune du Freney d’Oisans, proche de L’Alpe-d’Huez) qui a perdu 1 mètre d’eau entre la mi-septembre et la mi-octobre. »

Un bilan de masse très déficitaire malgré un bon enneigement

Si la fonte mesurée pendant l’été est la deuxième plus forte en 23 ans de suivi du glacier Blanc, le bilan entre l’accumulation de glace et la fonte n’est « que » le quatrième plus déficitaire : - 1,82 mètre d’eau (seuls les bilans 2022, 2019 et 2003 sont plus mauvais). Comme l’explique Mylène Bonnefoy, également glaciologue à l’INRAE, « c’est le bon enneigement de l’hiver dernier, et surtout de la fin d’hiver et du printemps, qui a un peu sauvé le bilan de masse ». En effet, alors que le glacier Blanc accumule en moyenne 1,52 mètre d’eau l’hiver, ce chiffre s’est élevé à 1,98 mètre en 2023.

Bilan de masse du glacier Blanc depuis 2000

Comme 2022 et 2023 ont été des années très déficitaires, l’INRAE prévoit en 2024 de mettre à jour la cartographie extrêmement précise réalisée en 2019, afin de mesurer sa nouvelle géométrie et de calculer la variation de volume du glacier Blanc depuis 2019.

Glacier Blanc © J.F. Lombard Épaisseur du glacier Blanc sous le refuge des Écrins © J.F. Lombard

À gauche, la barre et le dôme des Écrins depuis le glacier Blanc. À droite, la fonte du glacier depuis l'an dernier sous le refuge des Écrins.

L’observatoire Glacioclim perd l’un de ses glaciers de référence

Glacier Blanc © J. Charron Le glacier Blanc fera désormais l’objet d’un suivi sur le long terme dans le cadre du service d’observation national Glacioclim, au même titre que la mer de Glace, le glacier d’Argentière, le glacier de Gébroulaz et le glacier de Saint-Sorlin.

Jusqu’à cette année, les Alpes comptait comme autre glacier de référence, le glacier de Sarenne, suivi scientifiquement depuis 1949. Ses heures sont désormais comptées, comme l’explique Mylène Bonnefoy : « Nous sommes dans l’obligation d’arrêter les observations sur le glacier de Sarenne car la dernière balise restante n’a plus que 47 cm enfouis dans la glace. Elle ne tiendra pas une année supplémentaire de mesures. Le glacier fait maintenant moins de 1 000 m², après avoir perdu cet été plus de 5 mètres d’eau. Plus que jamais, les observations du glacier Blanc prennent donc toute leur place dans le service Glacioclim. » Le glacier Blanc va donc maintenant remplacer le glacier de Sarenne dans cette partie sud de l’arc alpin pour continuer à suivre l’évolution des glaciers avec le climat.

Pour en savoir plus sur le suivi du glacier Blanc par le Parc national et l'INRAE

Visionner le reportage de BFM DICI Glacier Blanc, plus de 20 ans de relevés