Une surveillance accrue pour mieux protéger le vallon du Lauvitel

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La protection du cœur du parc national des Écrins passe par une réglementation en place depuis la création du Parc. Son application concerne différentes activités dont celles de loisirs. Avec l'évolution des comportements des visiteurs et la hausse de la fréquentation sur certains sites, la question de sa bonne application devient une priorité forte. C'est pourquoi, ce printemps et l’été prochain, des opérations de surveillance interservices sont organisées au Lauvitel en coordination avec le Parquet de Grenoble.

Forte fréquentation au lac du Lauvitel © Emmanuel Icardo - PNE

La fréquentation du vallon du Lauvitel est suivie depuis 2006 par un compteur piétons ; il montre une augmentation de + 5,3 % entre 2006 et 2023. Si cette augmentation n'est pas exponentielle, les pics journaliers de visiteurs peuvent aller jusqu'à 800 personnes au mois d’août et jusqu'à 500 personnes lors des week-ends de mai. Une concentration de visiteurs tout de même importante aux abords du lac d'altitude du Lauvitel.

Un nouveau public aux comportements pas toujours adaptés

Depuis quelques années, les gardes-moniteurs du Parc national intervenant dans le vallon du Lauvitel constatent l’augmentation du nombre d'incivilités et des comportements inadaptés à la découverte apaisée de cet espace naturel. Les récentes enquêtes de terrain menées par le Parc national au Lauvitel (été 2024) montrent que les nouveaux visiteurs sont très présents avec 3/4 des visiteurs arrivant au lac du Lauvitel qui viennent pour la première fois sur le site.

Le bilan des surveillances des années passées a montré que 94 % de l'activité de police - qui consiste à constater les infractions à la réglementation en zone cœur - se concentre au Lauvitel pour le territoire de l'Oisans. En tête des infractions relevées, en 2024, figurent : chiens (61 %), drones (17,5%), bivouacs en dehors des limites et des horaires (16,5%) et feux de camp (4,5%).

Stationnement dense au parking de la Danchère - P. Navizet (C) Parc national des Ecrins   La foule des beaux jours sur les berges du lac Lauvitel - P. Navizet (C) Parc national des Ecrins

La nécessité de renforcer les contrôles pour mieux protéger le vallon et le lac du Lauvitel

Parmi ses missions, le Parc national a toujours agi pour informer et sensibiliser les visiteurs au respect de la biodiversité et de la réglementation, au travers d'animations sur site, d'expositions ou encore de campagnes de sensibilisation sur les réseaux sociaux. Toutefois, la situation au Lauvitel est telle qu'il est devenu nécessaire de mettre en place des opérations de contrôle ciblées, concentrées dans le temps et associant des renforts d'autres services de l’État tels que les brigades mobiles d’intervention de l'OFB ou la gendarmerie. Le Parquet général de Grenoble qui a fait du « partage paisible des espaces naturels » une de ses cinq priorités de politique pénale appuie également ces opérations de contrôle renforcées au Lauvitel. Les collaborations sont d'autant plus nécessaires que certains comportements vécus sur le terrain rendent les contrôles de plus en plus délicats pour les agents (refus de donner son identité, échanges verbaux agressifs...). En 2025, plusieurs sessions de contrôle sur le terrain permettront de faire appliquer la réglementation et, avec une présence nocturne, de veiller particulièrement à l’application des conditions de pratique du bivouac et à l'interdiction des feux de camp.

Agent de la brigade mobile d'intervention de l'OFB en poste de surveillance - P. Navizet (C) Parc national des Ecrins Constat d'infraction à la réglementation du Coeur de Parc - M. Coulon (C) Parc national des Ecrins

Bilan de l'opération coordonnée du week-end de l'Ascension

Du jeudi 29 mai au dimanche 1er juin, deux agents du Parc national et deux agents de l'OFB se sont relayés pour aller au contact des visiteurs. Premier constat, une forte fréquentation aux abords du lac et des parkings saturés à La Danchère dès les milieux de matinée. En matière de contrôle, le panel de constats effectués sur site est large et reflète bien les enjeux de protection : des chiens (2), des feux (4 + 3 évités), bivouacs en dehors des horaires et limites (18), des drones (5), une voiture télécommandée, une destruction de végétaux, des prélèvements scientifiques sauvages, une pénétration non autorisée dans la réserve intégrale. La première opération menée le week-end du 8 mai avait permis de relever 11 infractions malgré une météo maussade peu propice aux visites.

D'autres missions de surveillance à venir

D'ici l'automne prochain, une autre opération coordonnée entre les services de police de l’environnement aura lieu en juillet ou en août. De nombreuses tournées journalières des gardes-moniteurs du Parc national auront également lieu les week-ends et en semaine.

Les principales règles à respecter lorsque l'on est randonneur

Un parc national est un territoire d’exception, ouvert à tous sous la responsabilité de chacun. La zone cœur, véritable concentré des richesses naturelles du parc, est protégée par une réglementation spécifique. Afin de préserver ce bien collectif, il est nécessaire de bien connaître la réglementation avant toute sortie dans le parc. Sur le terrain, les limites du cœur du parc national sont matérialisées par des drapeaux bleu-blanc-rouge peints sur des rochers. Aux portes d'entrée du cœur de parc, des panneaux avec des cartes permettent de visualiser les limites.

Pourquoi les chiens sont-ils interdits en cœur de parc ?

La présence d’un chien dans un espace naturel, même tenu en laisse, créé un stress intense pour la faune. Les animaux fuient, abandonnent leurs petits et brûlent inutilement des graisses. Les chiens leur infligent parfois des blessures mortelles, sont porteurs de parasites et peuvent être vecteurs de maladies transmissibles à la faune sauvage.

Chamois femelle et son cabri - M. Coulon (C) Parc national des Ecrins Drone et réglementation - T. Maillet (C) Parc national des Ecrins Place à feu - T. Maillet (C) Parc national des Ecrins Les marmottes et les passereaux sont particulièrement sensibles au dérangement par les chiens - C. Coursier (C) Parc national des Ecrins

Pourquoi les drones sont-il interdits en cœur de parc ?

En vol, les oiseaux identifient le drone comme une menace, source de stress. Les rapaces dépensent de l’énergie et peuvent se blesser en attaquant cet intrus. Au sol, l’ombre portée fait fuir les animaux qui le prennent pour un prédateur aérien.

Pourquoi les feux sont-ils interdits ? 

Les bois, récupérés ou coupés pour faire du feu, sont des habitats en moins pour la biodiversité. La chaleur produite par le feu détruit la flore, la micro-faune, et stérilise la terre. La vie ne se développe plus, ce qui limite le stockage naturel de carbone dans le sol. Les sols à nu sont également soumis à l'érosion de la pluie et des éléments. Lorsque l'on sait que 10 cm de sol mettent entre 4 000 et 10 000 ans à se constituer en altitude, cela montre l'importance de ne pas faire de feu.